Métamorphose

[ Attaque de la garnison du ruisseau de l'Ouest]

La première chose qu'elle sentit en reprenant conscience fut l'humidité de la terre. La première chose qu'elle entendit fut le bruissement des feuillages autour d'elle. La première chose qu'elle vit fut le rouge sur sa main. Ses pensées avaient du mal à se rassembler, mais une chose était sûre : elle souffrait. Elle comprit à sa douleur qu'elle était gravement blessée. Où était-elle ? Que lui était-il arrivé ? Elle ne s'en souvenait pas. Partir à présent, se soigner...


Elle reconnu le bois de la pénombre lorsqu'elle grimpa sur sa monture. Sa cape pressée contre son ventre l'aidait à contenir l'hémorragie. Il fallait tenir assez longtemps pour faire la route en sens inverse. La magie allait l'y aider surement.
Était-ce un rêve ? Non, on ne se blessait pas réellement dans les rêves...Mais elle n'avait pas pu faire ça. Ce n'était pas elle, ça ne pouvait pas être elle. Elle entendait leurs cris, elle les revoyaient tomber à genoux devant elle, être expulsés contre les murs, et le sang, le sang partout, jusque dans ses yeux, dans sa bouche. Non cette chose, ce n'était pas elle...Et pourtant...

Elle avait envie de retourner à la Garnison du ruisseau de l'ouest, juste pour vérifier. Mais elle avait peur de ce qu'elle allait y trouver. Et puis de toute façon elle n'était pas en état. Elle y reviendrait plus tard. Une autre fois...

[Massacre dans les bois des chants éternels]

Elle essuyait le sang sur ses vêtements et sa peau. Cette fois elle en était sûre, elle n'avait pas rêvé. Elle trembla légèrement en se souvenant. C'était bien son œuvre à Elwynn, et c'était elle encore ce soir là. Par chance elle ne s'en était prise qu'à des animaux de passage. Elle tourna la tête vers les berceaux vides. Non, eux, elle ne pourrait pas, c'était ses enfants. Mais quand même, il valait mieux qu'ils ne soient pas là, le temps que ça se calme, le temps qu'elle Le maîtrise. Elle avait du mal à faire partir le sang sous ses ongles, alors elle frottait, frottait encore, comme une forcené. Elle se sentait si sale, si perdue. Elle ne savait plus si elle avait fait le bon choix, si c'était un don ou une malédiction.
Il ne fallait pas céder à la panique. Se calmer...Elle irait voir Anethor, lui il pourrait surement l'aider à se contrôler.
On frappa à la porte. Elle s'empressa de se changer, de cacher les serviettes maculées de sang, de se donner un air normal. Mais rien n'était normal, plus rien ne serait jamais plus normal...