Le sang des innocents.

La démoniste regardait les gardes s'affoler à "nettoyer" la place du Bazar. Tous les Gardiens arcaniques avaient été mit en alerte, et les citoyens avaient reçu l'ordre de rentrer chez eux, de s'y enfermer, de ne pas approcher... Elle, bien dissimuler derrière l'angle du mur, observait, hagarde, le spectacle qui se déroulait devant elle.
Elle n'était pas écœurée, elle n'était pas triste, et par dessus tout, elle n'éprouvait aucun sentiment de culpabilité. Combien avaient perdu la vie? Sept ? Dix ? A vrai dire elle ne les avaient pas compté. La Kaldorei avait bien fait son travail. Et l'agitation de ce soir là prouvait que le message était passé.

Un a un les cadavres étaient emportés, rapidement car il ne fallait pas que la panique gagne la population. Oui...il ne fallait pas que l'apparente tranquillité de Lune d'Argent soit perturbée. Tout devait sembler normal. Khardïs était fatiguée de ces apparences...

- "Fais un peu attention ! hurla l'un des gardes à un autre qui venait de laisser tomber les jambes d'un elfe au corps meurtrit."

Le cadavre s'écroula lourdement sur le sol, sa tête sembla émettre un petit craquement lorsqu'elle percuta le pavé. Il était nu, entièrement. Son visage était crispé par la douleur, même dans la mort. Il avait plusieurs hématomes, et plusieurs coupures ça et là. Mais par dessus tout, son torse avait été lacéré d'une marque sanglante, gravée à la lame à même la peau. La Kaldorei avait elle attendu qu'il soit mort pour cela ou l'avait-elle marqué vivant ? Ils étaient plusieurs comme ça, homme, femme...de tout âge, de toutes classes, des martyrs prit au hasard, enlevés quelques nuits plus tôt, et sacrifiés ici.

Les gardes s'arrêtèrent quelques secondes, contemplant avec dégout et crainte cette marque représentant un phénix surplombé d'un œil ouvert. Leur phénix, celui qui ornait tous les drapeaux de la ville, tous les boucliers. Un frisson les parcourut, jusqu'à ce que le Gradé les rappelle à l'ordre. Alors mollement ils ramassèrent la victime, et l'emportèrent avec les autres.

Les balais magiques effaçaient les traces de ce crime au fur et à mesure que la place était vidée. En quelques instants, il ne restait plus rien. Tout était redevenu normal. Lorsque les derniers tracés rituels avaient été balayés, Khardïs enfouit un peu plus sa tête dans sa capuche, et s'en retourna, l'air de rien. Ses lèvres remuèrent et un murmure s'en échappa :

- "Les erreures des coupables seront lavées dans le sang des Innocents."